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Diaporama 2023

Onésime 2023

 



Définitions

D'après une conférence du Père Patrick Gorce

 

Plan

1. La miséricorde de Dieu
2. Miséricordieux comme le Père
3. Les oeuvres de miséricorde
4. Les indulgences
5. Un jubilé

 

1. La miséricorde de Dieu

 

 Miséricorde : vient du latin misereri (avoir pitié) et cor-dis (le cœur). Comme si le cœur de Dieu venait à la rencontre de notre misère.

A la messe, le mot est prononcé au moins 2 fois :

            - « que Dieu tout puissant nous fasse miséricorde, qu’il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle »

- « Délivre-nous de tout mal Seigneur et donne la paix à notre temps, par ta miséricorde, libère-nous du péché, rassure-nous devant les épreuves, en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus-Christ notre Sauveur. »

Nous voyons que miséricorde et péché sont liés : la miséricorde de Dieu nous libère du péché et rétablit ainsi la communion avec lui et l’Eglise.

 

1.1 Allons voir dans la Parole de Dieu !

« Pour être capable de miséricorde, il nous faut donc d’abord nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. »

 

                        a. l’Ancien Testament

« Miséricorde » traduit habituellement l’hébreux hesed ou rahamim. C’est donc une réalité très vaste.

 

Rahamim est un pluriel qui signifie entrailles. Elles s’émeuvent sous le coup d’une affliction ou d’un danger, c’est le siège des émotions. Les entrailles de Dieu frémissent en pensant à l’homme.

Ex : Jérémie 31,20 

 

Hesed désigne très fréquemment la bienveillance de Dieu pour l’homme. On le traduit aussi par pitié, grâce, faveur, loyauté et en grec par eleos mais aussi par agapè dans le Nouveau Testament.

Ex : psaume 135 

 

La grande révélation de la miséricorde de Dieu est faite à Moïse lors de la deuxième remise de la Loi en Ex 34,6-9 : «  LE SEIGNEUR, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité »

 

 

            b. Dans le Nouveau Testament

 

Le benedictus : Lc 1,72 : « amour (eleos) qu’il montre envers nos pères, mémoire de son alliance sainte » (« Ainsi fait-il miséricorde à nos pères, ainsi se souvient-il de son alliance sainte, » cf. Ex 34)

                        Lc 1,78 : « grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu » (grâce aux sentiments de miséricorde (splankna eleos) de notre Dieu)

 

Le magnificat : Lc 1,50 : « son amour (eleos) s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent »

                        Lc 1,54 : « il relève Israël son serviteur, ils se souvient de son amour (eleos) »

 

Le verbe « être ému aux entrailles de miséricorde » (splanknizomai) apparaît plusieurs fois :

Luc 7,13 ; Luc 10,33 ; Luc 15,20 

 

   « Jésus Christ est le visage de la miséricorde du Père »

 

 

1.2 La miséricorde de Dieu manifeste sa toute puissance.

 

« La miséricorde est le propre de Dieu dont la toute-puissance consiste justement à faire miséricorde ». Ces paroles de saint Thomas d’Aquin montrent que la miséricorde n’est pas un signe de faiblesse, mais bien l’expression de la toute-puissance de Dieu. (MV 6)

 

1.3 La miséricorde n’est pas le laxisme.

 

Le laxisme nous immobilise (il y a une sorte de complaisance ou une indifférence à laisser faire), nous assiste et ne nous responsabilise pas.

La miséricorde nous met en route vers plus de sainteté et nous responsabilise : « va et désormais ne pèche plus » (Jn 8,11).

 

 1.4 Sacrement de réconciliation.

 

« Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde, par la mort et la résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés. Par le ministère de l’Eglise, qu’il vous donne le pardon et la paix. Et moi, au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, je vous pardonne tous vos péchés. »

 

Il n’y a pas de fidélité possible sans pardon (cf. couple, vocation…), sans miséricorde.

 


2. « Miséricordieux comme le Père »

 

Le pape François veut en faire la devise du Jubilé.

 

Dieu nous appelle à la miséricorde chaque matin :

Ps 94 : « aujourd’hui, écouterez-vous sa parole, ne fermez pas votre cœur comme au désert. »

La miséricorde est cet élan du cœur suscité par l’Esprit Saint vers les autres. Elle est bien sûr très étroitement liée à la charité dont elle souligne la gratuité. Avoir le cœur ouvert…

 

Saint Paul nous encourage sur cette voie :

Col 3,12 : « Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. »

 

MV (Misericordiae vultus) 12 : « L’Eglise a pour mission d’annoncer la miséricorde de Dieu, cœur battant de l’Evangile, qu’elle doit faire parvenir au cœur et à l’esprit de tous. L’Epouse du Christ adopte l’attitude du Fils de Dieu qui va à la rencontre de tous, sans exclure personne. De nos jours où l’Eglise est engagée dans la nouvelle évangélisation, le thème de la miséricorde doit être proposé avec un enthousiasme nouveau et à travers une pastorale renouvelée. Il est déterminant pour l’Eglise et pour la crédibilité de son annonce de vivre et de témoigner elle-même de la miséricorde. Son langage et ses gestes doivent transmettre la miséricorde pour pénétrer le cœur des personnes et les inciter à retrouver le chemin du retour au Père.

La vérité première de l’Eglise est l’amour du Christ. L’Eglise se fait servante et médiatrice de cet amour qui va jusqu’au pardon et au don de soi. En conséquence, là où l’Eglise est présente, la miséricorde du Père doit être manifeste. Dans nos paroisses, les communautés, les associations et les mouvements, en bref, là où il y a des chrétiens, quiconque doit pouvoir trouver une oasis de miséricorde. »

 

Accueil, sans a priori, sans enfermement… Ne jamais fermer la porte…

S’attacher aux choses qui ne passent pas (l’amour 1Co 13,8, les paroles de Jésus Mt 24,35) plutôt qu’à celles qui passent (colère, emportement, jalousie…) 

 

3. Les œuvres de miséricorde

 

MV 15 : « J’ai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Evangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine. La prédication de Jésus nous dresse le tableau de ces œuvres de miséricorde, pour que nous puissions comprendre si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples.

Redécouvrons les œuvres de miséricorde corporelles:

Donner à manger aux affamés,
Donner à boire à ceux qui ont soif
Vêtir ceux qui sont nus
Accueillir les étrangers
Assister les malades
Visiter les prisonniers
Eensevelir les morts.

Et n’oublions pas les œuvres de miséricorde spirituelles :

Conseiller ceux qui sont dans le doute
Enseigner les ignorants
Avertir les pécheurs
Consoler les affligés
Pardonner les offenses
Supporter patiemment les personnes ennuyeuses
Prier Dieu pour les vivants et pour les morts. »

 

 

4. Les indulgences

 

MV 22 : « Le jubilé amène la réflexion sur l’indulgence. Elle revêt une importance particulière au cours de cette Année Sainte. Le pardon de Dieu pour nos péchés n’a pas de limite. Dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ, Dieu rend manifeste cet amour qui va jusqu’à détruire le péché des hommes. Il est possible de se laisser réconcilier avec Dieu à travers le mystère pascal et la médiation de l’Eglise. Dieu est toujours prêt au pardon et ne se lasse jamais de l’offrir de façon toujours nouvelle et inattendue. Nous faisons tous l’expérience du péché. Nous sommes conscients d’être appelés à la perfection (cf. Mt 5, 48), mais nous ressentons fortement le poids du péché. Quand nous percevons la puissance de la grâce qui nous transforme, nous faisons l’expérience de la force du péché qui nous conditionne. Malgré le pardon, notre vie est marquée par les contradictions qui sont la conséquence de nos péchés. Dans le sacrement de la Réconciliation, Dieu pardonne les péchés, et ils sont réellement effacés, cependant que demeure l’empreinte négative des péchés dans nos comportements et nos pensées. La miséricorde de Dieu est cependant plus forte que ceci. Elle devient indulgence du Père qui rejoint le pécheur pardonné à travers l’Epouse du Christ, et le libère de tout ce qui reste des conséquences du péché, lui donnant d’agir avec charité, de grandir dans l’amour plutôt que de retomber dans le péché. 

L’Eglise vit la communion des saints. Dans l’eucharistie, cette communion, qui est don de Dieu, est rendue présente comme une union spirituelle qui lie les croyants avec les Saints et les Bienheureux dont le nombre est incalculable (cf. Ap 7,4). Leur sainteté vient au secours de notre fragilité, et la Mère Eglise est ainsi capable, par sa prière et sa vie, d’aller à la rencontre de la faiblesse des uns avec la sainteté des autres. Vivre l’indulgence de l’Année Sainte, c’est s’approcher de la miséricorde du Père, avec la certitude que son pardon s’étend à toute la vie des croyants. L’indulgence, c’est l’expérience de la sainteté de l’Eglise qui donne à tous de prendre part au bénéfice de la rédemption du Christ, en faisant en sorte que le pardon parvienne jusqu’aux extrêmes conséquences que rejoint l’amour de Dieu. Vivons intensément le Jubilé, en demandant au Père le pardon des péchés et l’étendue de son indulgence miséricordieuse. »

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Du latin indulgentia : « bienveillance », « bonté ». L’indulgence est une rémission de la peine due au péché, que l’Église accorde moyennant quelques actes précis : originellement liée aux pèlerinages en Terre sainte, elle s’est développée à l’occasion de l’indulgence de la Portioncule, accordée à saint François. Multipliées à l’excès et devenues quasi mécaniques à la fin du Moyen Age, les indulgences furent un des motifs de la Réforme de Luther. A la suite du deuxième concile du Vatican, le pape Paul VI a promulgué une Constitution apostolique sur « La doctrine des indulgences » (1er janvier 1967).

Il faut retenir que la pratique des indulgences, loin d’être désuète, est liée au dogme de la commu­nion des saints : en effet, l’indulgence est la remise, plénière ou partielle, devant Dieu, de la peine temporelle due pour les péchés déjà pardonnés quant à la faute, que le fidèle bien disposé, et à des conditions déterminées, reçoit par l’intervention de l’Église, laquelle, comme ministre de la Rédemption, distribue avec autorité et appli­que le trésor des réparations du Christ et des saints. Les indulgen­ces, plénières ou partielles, sont applicables au fidèle qui veut en profiter lui-même, ou bien aux défunts, mais non à d’autres hommes encore vivants.

 

Remarquer que le mot est beau : « être indulgent ».

La doctrine des indulgences n’est pas évidente mais si elle est comprise et pratiquée de manière équilibrée est précieuse.

Les indulgences remettent la peine temporelle liée au péché. Le pardon efface la faute mais pas les conséquences (cf. image du trou laissé par un clou retiré d’une planche). Il y a donc « une purge de ces conséquences » qui se fait au purgatoire si elle n’est pas faite sur terre.

 

La pratique des indulgences a permis aussi d’encadrer la dévotion populaire.

Elle est liée à la communion des saints. De même que le mal que je fais pénalise d’autres, le bien que je fais peut profiter à d’autres dans la communion des saints. Mes efforts pour le bien, dans le combat contre une maladie, une tentation, etc… profitent aux âmes du purgatoire. Cette purification que me permettent un pèlerinage, une prière, etc… bénéficient aux défunts

 

 

5. Qu’est-ce qu’un jubilé ?

 

« Du mot hébreu yôbél : « corne de bélier » qui a donné jubilaeus en latin. En Israël, l’année jubilaire tombait tous les cinquante ans ; inaugurée par un appel de trompe — d’où le nom de « jubilé » —, elle amenait l’affranchissement de toute dette, en réintégrant chacun dans son patrimoine, tandis que la terre elle-même se reconstituait, du fait qu’on ne pratiquait ni semailles, ni moissons, ni vendanges. On lit, en effet, dans le Lévitique : « Tu compteras sept semaines d’années, sept fois sept ans, c’est-à-dire le temps de sept semaines d’années, quarante-neuf ans.

Le septième mois, le dixième jour du mois, tu feras retentir l’appel de la trompe dans tout le pays. Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et vous proclamerez l’affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un jubilé : chacun de vous rentrera dans son patrimoine, chacun de vous retournera dans son clan » (25, 8-10). C’est le Messie qui, par son avènement, proclame la véritable année de grâce de la part du Seigneur (cf. Is 61, 2 ; Lc 4, 19), en ce sens qu’il est lui-même l’affranchissement total, la Rédemption (cf. 1 Co 1, 30), par l’Esprit qu’il donne à son Église (voir Pentecôte).

Par la volonté du Christ, l’Église est devenue la dépositaire du trésor de la Rédemption. Pour mieux répondre au besoin de rythmes démultipliés qui caractérise l’homme, les Souverains Pontifes ont institué la pratique ecclésiale du jubilé : la première « Année sainte » date de 1300, et se caractérise par l’octroi d’une large remise des péchés et de leurs séquelles ; l’intervalle entre les Années saintes devait d’abord être de cent ans, mais il se réduisit progressivement, pour se fixer à vingt-cinq ans.

Le jubilé donne lieu à des cérémonies extraordinaires à Rome et dans toute l’Église, mais il ne tend qu’à donner tout leur sens aux sacrements de pénitence et d’Eucharistie. Le cinquantième anniversaire de la première profession religieuse — ou jubilé — est marqué liturgiquement par le renouvellement solennel de ces premiers vœux, autant que possible au cours de la messe. »